1987. Un predator débarque sur Terre et s’en va chasser au Guatemala quelques G.I. malchanceux. Seul Schwarzy s’en sort vivant après un combat d’anthologie (15 minutes de tension et de violence silencieuses), ramenant l’homme à ses origines bestiales qui font de lui, aussi, un prédateur quasi parfait à l’égal de la méchante bébête. 23 ans et pas mal de bêtises plus tard (Predator 2, le diptyque Alien vs Predator), ce sont, cette fois-ci, quelques excités de la gâchette et de l’arme blanche qui sont balancés sans ménagement sur une planète servant de "réserve de chasse" aux predators.
On est très loin, évidemment, du côté racé, méthodique et théorique du film de McTiernan. Nimrod Antal, auteur des oubliables Motel et Blindés, est un tâcheron sans goût qui s’en sort avec des miettes d’honneur et un travail moyen qui le sauve d’un micron du direct to DVD. Son Predators n’est qu’une série B passe-partout qui souffre forcément de la comparaison (esthétique et thématique) avec le Predator de McTiernan, un presque nanar se regardant vite fait, se digérant vite fait aussi, et s’oubliant plus vite encore à une rapidité complètement folle.
La première demi-heure est intéressante parce qu’elle pose, plutôt adroitement, les enjeux du carnage à venir (où sommes-nous ? Pourquoi nous ? What the fuck?) avec une savoureuse galerie de personnages bien burnés en mode "Je vous emmerde tous". Il y a même plaisir à revoir cette crapule de Walton Goggins (Shane dans The shield) qui hérite d’un rôle qu’on dirait écrit pour lui. Quant à Adrien Brody, il a apparemment bouffé du Christian Bale avant chaque prise, genre voix grave et enrouée pour faire croire qu’il est un dur à cuire. Vu sa pauvre tête de cormoran pris dans les phares, on a un peu du mal à le prendre au sérieux, surtout quand il pastiche Schwarzenegger dans la dernière scène, corps boueux et gonflé aux hormones trop vénère la rage (on ricane plus qu’on s’impressionne).
On suit le truc avec une sorte de petite satisfaction sadique, typique finalement d’un survival classique, mais sans vraiment y croire et sans s’y intéresser non plus parce c’est assez médiocre d’un point de vue global. Censé relancer la franchise, ce Predators au ras des pâquerettes va sûrement faire réfléchir à deux fois les pontes de la Fox avant qu’ils ne dilapident à nouveau leurs dollars. Robert Rodriguez, producteur uniquement et s’il avait daigné passer derrière la caméra, aurait sans doute dynamité tout ça à la Little Boy pour livrer une énormité plus jouissive et plus ludique que cette chiffe molle impersonnelle. Tant pis pour nous.