Ce vieux filou de Jerry Bruckheimer, sentant le vent tourner avec sa combine plus vraiment juteuse qu’est Pirates des Caraïbes, a décidé d’exploiter une toute nouvelle franchise à fric pour les dix prochaines années à venir : Prince of Persia. Adapté du jeu vidéo à succès de Jordan Mechner, Bruckheimer a donc transposé tout son fourbi caribéen dans les lointaines contrées persanes : les océans ont laissé place aux déserts, les navires aux chevaux, Jake Gyllenhaal succède à Orlando Bloom, Gemma Aterton à Keira Knightley, et Ben Kingsley euh… au Kraken ? Et puisqu’il faut donner une certaine caution, un certain cachet au bidule, histoire de dire que c’est quand même du cinéma et pas du tout un entubage marketing, on fait donc appel à John Seale pour la photographie et à ce gros pataud de Mike Newell pour la mise en scène, de toute façon insignifiante au possible ; Bruckheimer avait juste besoin d’un faiseur corvéable à souhait qui puisse honorer son cahier des charges sans trop se poser de questions existentielles (que fais-je, que filme-je, où erre-je ?).
C’est du spectacle purement binaire alternant dix minutes de cavalcades, de poursuites et de combats en tous genres, puis dix minutes de bla-bla sans grâce et sans plaisir, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le montage et les transitions ont été faits à la hache (ou plutôt à la dague) pour que tout cela tienne en à peine deux heures de temps et profite d’un maximum de séances. L’intrigue lénifiante parle de sablier géant, d’amour fraternel, de cœur à écouter, de destin, de sacrifice et d’amour, bref de conneries simplistes pour teenagers en manque de repères narrées de façon encore plus simpliste.
Tous les acteurs, barbouillés d’autobronzant, cachetonnent avec plus ou moins de lucidité, Gyllenhaal virevolte et caracole tel un yamakasi antédiluvien, Aterton joue les potiches qui en ont et toujours super maquillée, même après quelques jours passés dans le désert ou après une tempête de sable mangée en plein dans la gueule. Leur duo fonctionne évidemment sur le principe du "Plus les opposés s’attirent, plus ils ont une chance de coucher ensemble se marier et d’avoir plein d’enfants", mais l’alchimie est vaine, stérile et ne fait jamais rire. Il reste d’assez jolis décors, quelques scènes réussies et un final très sons et lumières qui a le mérite d’en mettre plein la vue. Après l’attraction Disney et le jeu vidéo, que va bien pouvoir nous manigancer Bruckheimer pour la décennie suivante ? Un reboot en 3D des Rois mages façon Mortal kombat ? Une trilogie sur Le pouilleux massacreur avec Tobey Maguire dans le rôle d’Hogier, fidèle chevalier de Charlemagne ?… Pas vraiment pressé de le savoir.
Mike Newell sur SEUIL CRITIQUE(S) : Quatre mariages et un enterrement.