Après Nos jours heureux, sympathique revival sur les colonies de vacances, Éric Toledano et Olivier Nakache s’attaquent à un autre genre de sujet prompt à satisfaire correctement la masse et les sacro-saintes relations familiales avec la légèreté subtile d’un pachyderme échappé de la cave de Danielle Thompson, et avec tout ce que cela suppose aussi de conflits rabâchés et de rabibochages larmoyants. Manifestement, l’air parisien réussit moins bien aux deux réalisateurs que celui de la campagne. Tellement proches concasse le meilleur du pire de la comédie française dite "chorale" ou "de société", téléfilm mou du mercredi soir vide de sens, vide de rythme et vide de mise en scène.
La fraîcheur, et surtout la spontanéité, qui rendaient Nos jours heureux si attachant, se sont volatilisées au "profit" d’une suite de saynètes mal embouchées et mal montées cherchant absolument le rire (qui ne vient jamais, tant les situations n’intéressent pas, ennuient à mourir ou puent la bonne conscience à deux balles), le bon mot (certes, certaines répliques sont savoureuses, mais on ne fait pas un film sur trois ou quatre vannes bien senties) et l’approbation générale dans sa description consensuelle et pataude de la famille.
La seule chose à sauver de ce naufrage caricatural et flasque, ce sont les vingt premières minutes du film (c’est-à-dire la bande-annonce), plutôt réjouissantes par rapport à la suite, catastrophique de platitude. Pour finir d’être méchant (et très remonté), il faut parler du final, THE final, théâtral dans tous les sens du terme, ode dégoulinante à l’amour paternel écrite en lettres géantes et marqueur fluo (si vous ne pleurez pas, c’est vraiment que vous n’avez pas de cœur), grand moment affreux, presque risible, d’émotion surfaite et rebutante, tire-larmes pathétique empruntant au déjà pas très subtil Le premier jour du reste de ta vie. C’est le coup de grâce magistral et terrible de ce gloubi-boulga qui ne l’est pas tant, à fuir dans la logique du bon sens (et du bon cinéma).
Éric Toledano et Olivier Nakache sur SEUIL CRITIQUE(S) : Intouchables, Samba.