Barouf d'enfer dans pas mal de festivals, porté au pinacle par une presse (trop ?) enthousiaste, loué comme LE renouveau du cinéma d’action et tourné en Indonésie par un réalisateur gallois avec des stars locales en arts martiaux, The raid réussit donc à faire son effet pour peu que l’on soit, quand même, un minimum conciliant avec la chose. Entre défouloir frénétique sur console, Tsui Hark (on pense surtout à Time and tide), Piège de cristal, Assaut et Ken le survivant (n’en jetez plus), le premier film de Gareth Evans tire sa force d’un "décomplexage" en règle. Scénario anémique qui tient gravé sur une allumette. Pas de psychologie, pas de blabla, pas de dentelle, pas de pitié. Des personnages à peine développés, des clichés et l’envie, simplement, d’en mettre plein la gueule à un spectateur hésitant entre ahurissement et désappointement.
Guérilla urbaine concentrée dans un immeuble de quinze étages, The raid ressemble à un jeu vidéo qu’on aurait gonflé en 35 mm : des niveaux à passer, des adversaires à dégommer, une bande-son qui envoie (par Mike Shinoda, de Linkin Park) et un big boss à pulvériser. Le choix des armes est varié : pistolet mitrailleur, flingue, machette, couteau, corps à corps et lutte à mains nues. L’essentiel n’est pas dans l’intrigue et ses sous-textes finalement approximatifs, voire inutiles (corruption policière, lien fraternel mis à mal…), mais d’abord dans l’action globale (unité parfaite de lieu et de temps) et dans chaque interaction possible entre les protagonistes (un contre un, un contre deux, un contre vingt, cinq contre dix…). Interactions magnifiées par une mise en scène parvenant à saisir, dans sa globalité, les chorégraphies meurtrières régulièrement déployées, parfois jusqu’au vertige.
Evans privilégie la clarté des mouvements, la multiplicité des plans longs et les nombreux angles de vue, à l’image de ce superbe, interminable, harassant combat entre Mad dog, bras droit du bad guy (d’ailleurs pas très charismatique, le bad guy), et les deux frères ennemis que sont Rama et Andi (il faut bien avouer que, le combat enfin terminé, on ne sait plus trop où on habite ni comment on s’appelle et si même il a duré dix minutes, deux heures ou trois jours). Brutal et bancal, The raid, desservi par une tension chaotique et une atroce photographie qui affadi l’ensemble par son manque de contrastes (ils sont pourtant deux à avoir bossé dessus), érige la rixe XXL en un ballet d’opéra fou furieux.
Gareth Evans sur SEUIL CRITIQUE(S) : The raid 2 - Berandal.