Bourrin, décérébré et énorme, Transformers va jusqu’au bout de sa beaufitude en se jouant d’un scénario rabâché pour se concentrer sur l’objectif fondamental pour lequel il a été attendu comme le Messie : des robots transformables en "vrai". Michael Bay et son équipe l’ont parfaitement compris et ouvrent le film par une scène d’action qui met directement dans l’ambiance, histoire de montrer aux fans et aux autres qu’ils ne se moquent pas d’eux. Un peu tout de même par rapport à l’intrigue lénifiante et à la tonne de clichés dont seuls les Américains ont le secret, même si l’humour potache n’est pas en reste malgré tout, une scène très drôle, entre autres, évoquant par exemple Le géant de fer.
Pas de psychologie et de subtilité donc, pas de métaphores et de questionnements existentiels. Il faut voir Transformers pour la simple représentation de ce qu’il est avant tout : un spectacle étourdissant, un délire visuel régressif et pyrotechnique. Michael Bay alterne patiemment scènes d’action et combats démesurés, transformations somptueuses et intermèdes malins, amenant ainsi son film vers un final apocalyptique, grand moment de cinéma halluciné, 20 minutes de guerre urbaine dantesque, de folie furieuse et destructrice, un sons et lumières inouï et titanesque.
On peut reprocher beaucoup de choses à Michael Bay à travers ses films ampoulés (réalisation épileptique, propension pour les images d’Épinal, idolâtrie douteuse envers l’armée, montage trop speed), mais on ne peut, en revanche, lui enlever le crédit qu’il est l’un des seuls metteurs en scène d’aujourd’hui (avec Spielberg, McTiernan et Cameron) à pouvoir tourner des scènes d’action complexes avec une assurance incroyable sans avoir systématiquement recours aux effets spéciaux. Les poursuites effrénées de The rock, Bad boys 2 et The island, au-delà de ce que valent les films, sont indéniablement des morceaux d’anthologie du cinéma d’action. Comme l’ont été King Kong en 1933, La guerre des mondes en 54, Star wars en 77, Terminator en 85, Jurassic Park en 93 ou Matrix en 99, on vient s’émerveiller devant Transformers pour le plaisir de l’inédit et du jamais vu, pour se brûler les yeux d’étoiles et de nostalgie. C’est une sorte d’happening primitif, un bordel immédiat et reptilien qui sabre tout commentaire analytique en retournant vers une sorte d’essentiel bas du front.
Michael Bay sur SEUIL CRITIQUE(S) : Transformers 2, Transformers 3, No pain no gain, Transformers 4, Transformers 5, 6 underground.