Excessif, bancal, outrancier dans son humour, maladif dans son militarisme grandiloquent, emphatique dans sa perception du monde et des sentiments, Transformers 2 - La revanche est à Transformers ce que Bad boys 2 est à Bad boys : plus impressionnant visuellement, mais plus gras, plus lourd et plus débile. Le scénario est inconsistant, niais, incohérent le plus souvent, puant de mercantilisme pâteux et d’idéologies rampantes, et ne permet pas de se passionner in extenso pour ce feu d’artifice crétin et spectaculaire. Dans le cas de ce Transformers, l’intrigue est donc autant à vite oublier qu’elle a été vite élaborée. On ne vient pas, évidemment, s’éblouir devant Transformers pour quelques affres profondes et intimes, perdues ici dans les ténèbres insondables de la surenchère clichetonneuse et patriotique si chère à Michael Bay ; on y vient avant tout pour l’esbroufe, l’excès sans raison et la pyrotechnie de bazar.
Maintenant que les bases ont été posées par le premier opus, Bay peut désormais se lâcher et tout démultiplier (le meilleur comme le pire) jusqu’à une exponentielle hors norme. Le premier épisode était du petit-lait, un amuse-bouche pour détendre et faire patienter avant ce mastodonte de l’ahurissement. Mais l’effet de surprise et de nouveauté jouait en faveur du premier, le deuxième étant, paradoxalement, moins inventif et davantage une redite boursouflée qu’une suite réfléchie, vraiment passionnante. D’autre part, Transformers 2 - La revanche souffre d’un montage désordonné et d’un manque de rythme qui ne faisaient pas réellement défaut à Transformers, trépident de bout en bout.
Après la trop courte introduction à Shanghai, très frustrante dans son action expéditive, le film se traîne en longueurs, en facondes explicatives et, hormis le combat dans la forêt, il faut pouvoir attendre les derniers trois-quarts d’heure pour s’en prendre enfin plein les yeux. Alors seulement, tout devient étourdissant et d’une somptuosité, d’une démesure absolues, impossibles à décrire dans le ressenti primal et absolument jouissif du spectateur redevenu comme un gamin fasciné, subjugué jusqu’à s’en décrocher la mâchoire. L’attente de ce Transformers 2 - La revanche était trop considérable, trop parfaitement manigancée par des bandes-annonces plus que prometteuses (et donc suspectes) ; le film est ainsi proportionnellement décevant à ses espérances, gros pudding métallo-beauf s’abîmant dans le lourdingue avec pertes et fracas, bien incapable de retrouver le second degré et la relative ingénuité de son prédécesseur.
Michael Bay sur SEUIL CRITIQUE(S) : Transformers, Transformers 3, No pain no gain, Transformers 4, Transformers 5, 6 underground.