La pratique de la parodie et/ou de l’hommage n’est pas chose facile, donnant soit dans la gaudriole décomplexée et réussie (Shaun of the dead, Reno 911…), soit dans la bouse à oublier pour toujours (Scary movie, Spartatouille…). Un soupçon de tact (pour ne pas dire de doigté) et d’écriture est au moins toujours requis, sous peine de virer à la baudruche pleine à vomir de clins d’œil laborieux et de pastiches fourre-tout. Pour ce Tucker et Dale pas franchement folichon, le cul reste le plus souvent ventousé (cloué ?) entre deux chaises, parvenant parfois à faire rire avec des scènes bien senties (la première rencontre à la station essence, le coup de la tronçonneuse en folie qui désacralise en quelques secondes le mémorable Massacre à la tronçonneuse…), mais sans tenir la distance de l’exercice imparti.
Si l’amour du genre est respecté et se voit (ça charcle, ça saigne et ça gicle pas mal), le film pèche surtout au niveau du tempo et de gags pas toujours drôles. Prendre à revers les nombreux clichés du slasher movie (Vendredi 13, Détour mortel, Scream…) en inversant les rôles attribués pendant des décennies de boucherie gore (les bouseux consanguins de Virginie ou du Texas ne sont plus ceux que l’on croit, tout se jouant, avec un relatif intérêt, sur les préjugés, les apparences et d’incessants malentendus), est une idée plutôt sympathique au début. Sauf que l’idée, justement, n’est pas totalement exploitée, finit par tourner en rond et n’amuse plus sur la fin (ratée).
Tyler Labine (Dale) et Alan Tudyk (Tucker) s’en sortent très bien dans leur rôle de gros durs au grand cœur et au sourire benêt ; en revanche, c’est plutôt mauvais du côté des jeunes interprètes qui devraient fissa retourner prendre des cours ou envisager de mettre un terme à leur "carrière". La mise en scène d’Eli Craig, dont c’est le premier long-métrage, fait dans le minimum, c’est-à-dire des plans plan-plan et du rythme… rythme-rythme ? Pas novateur, pas poilant, pas ambitieux, Tucker et Dale fightent le mal peut-être, mais haven’t du talent sûrement.