Showtime continue son irrésistible ascension et, en concurrence directe avec HBO, propose à son tour une série historique mêlant sexe et intrigues de pouvoir ; après Rome, voici donc Les Tudors. 600 ans plus tard, rien n’a réellement changé, et les chroniques d’Henri VIII et de sa Cour s’appuient sur les mêmes fondements ancestraux, de ceux qui font inlassablement tourner le monde depuis des centaines d’années déjà (influences religieuses, conspirations politiques, soif d’ascendance) et qui voient les hommes préférer sans cesse affirmer leur force, leur virilité et leur puissance plutôt que de gouverner avec diligence. Si Rome parvenait à installer une certaine crédibilité historique, Les Tudors se permet un peu trop d’anachronismes et de libertés et, défaut majeur, ramène les actions sur une échelle de temps très courte (tout donne l’impression de se dérouler sur plusieurs mois) alors que les événements exposés se déploient sur une dizaine d’années environ.
La série cultive également une esthétique certes excessivement soignée, mais où tout fait trop beau, trop propre, trop carré. On retiendra principalement du casting, plus que sa justesse d’interprétation, la plastique avantageuse et peu adaptée aux canons de l’époque de la plupart des acteurs ; Henry Cavill supplante physiquement Rhys-Meyers (qui grimace plus que de raison) et Natalie Dormer, au visage étrange, doux et cruel à la fois (mélange de Theresa Russell et de Maggie Gyllenhaal), subjugue beaucoup même si celui-ci n’est pas totalement exploité par les différents réalisateurs. Malgré ses imperfections et un rythme très inégal (les premiers épisodes accrochent, les derniers ennuient), Les Tudors a largement de quoi captiver le téléspectateur magnanime en relatant synthétiquement des faits marquants de l’Histoire anglaise dont, entre autres, la naissance balbutiante de l’anglicanisme.