Qu’y a-t-il sincèrement à sauver de ce remugle filmique provenant d’une décharge hollywoodienne pour décérébrés, aussi agréable et tentant que peut l’être (rayez les mentions inutiles) :
A - Une serviette mouillée à la sortie de la douche.
B - Un séminaire sur l’analyse transactionnelle et comparée de la cosmogonie par le geste dans la littérature suédoise du XVe siècle.
C - Un ramassage de savonnette dans un établissement privé pour messieurs.
D - Une fellation par une vieille dame respectable, édentée et trop maquillée, derrière la baraque à frites de Jacky et Dédé.
Éventuellement la bravoure, l’héroïsme du spectateur qui endure, l’œil vitreux et la bave aux lèvres, ce spectacle d’une laideur visuelle sans égale et d’une pure bêtise scénaristique (les clichés se ramassent à la pelle, c’est bien connu) à faire se damner les actionnaires d’EuropaCorp en mal de sous-produits mentalement déficients mais qui, bizarrement, s’assume jusqu’au bout dans sa crasse cinématographique. Pour peu que l’on ait un sens de l’humour relativement élaboré et que la journée au bureau se soit bien passée, tout cela en devient involontairement (et honteusement) drôle.
Michael C. Hall ? Même pas en rêve. Celui-ci cabotine comme un phacochère sous kétamine, nous gratifiant d’une interprétation très "Dexter dans le futur" charcutant du criminels non plus à la scie sauteuse, mais en les envoyant direct dans un Counter-strike grandeur nature quand il n’essaie pas de leur faire du gringue en roucoulant I’ve got you under my skin sur quelques entrechats équivoques. Gérard Butler ? Aussi charismatique qu’une fourchette en plastique, celui-ci devrait donner des cours de crispation de mâchoire, qu’il fait très bien, chez James Lipton (j’ai essayé chez moi, c’est complètement pas possible). Pour le reste, on dira pudiquement qu’il souffrait sans doute d’une colique néphrétique au moment du tournage.
Les scènes de combats ? Elles sont réussies, nerveuses et très prenantes dans leur style brut, (dé)saturé, mais n’empêcheront pas le naufrage. J’ai surtout une pensée émue pour le monteur du film (et sa famille, et ses proches) qui a dû monter un truc pareil tout en essayant de ne pas sombrer dans la folie. En tout cas, c’est presque du grand art car il n’y a aucun plan, pendant 1h30, qui ne dépasse les 5 secondes. Aux dernières nouvelles, Michael Bay, hyper jaloux, l’aurait fait assassiner. J’encourage sérieusement Neveldine et Taylor à visionner l’intégrale de Tarkovski ou à mater Satantango de Béla Tarr un dimanche après-midi pluvieux de novembre, déjà pour les punir, ensuite pour qu’ils s’efforcent de comprendre ce que sont la magie et la puissance du cinéma avec peu d’effets, mais tellement de grâce.