Troisième volet des péripéties amnésiques de Jason Bourne, La vengeance dans la peau, agréable et sans surprise, souffre d’une redondance esthétique et scénaristique trop évidente avec le deuxième volet. Sans doute aurait-il fallu confier le projet à un autre réalisateur pour y apporter un nouveau souffle et un nouveau regard, comme cela a été fait avec la franchise Mission : Impossible. Paul Greengrass a repris à l’identique les codes de mise en scène de son précédent opus, le même montage aussi (scènes d’action alternant avec des recentrages géographiques et narratifs), la même tension, les mêmes procédés (ordinateur contre débrouille, technologie contre instinct) et les mêmes séquences : poursuite en voiture placée quasiment au même endroit du film (avant les révélations finales), séquence de traque à plusieurs protagonistes (la gare de Waterloo remplace l’Alexanderplatz), combat extrême à mains nues (à Tanger dans le 3, Munich dans le 2), flash-back moteur de l’action (conditionnement au programme Treadstone dans le 3, meurtre du diplomate russe Neski dans le 2), équipe bicéphale au sein de la CIA avec l'ennemi à abattre (Abbott / Vosen) et l'alliée malgré elle (Pamela Landy)...
La mémoire dans la peau, lui, leur ressemble moins ; il pose les jalons de la saga, moins d’action, plus rentré, et, en seul initiateur, ne pâtit donc d’aucune comparaison. Certes plus rythmé que La mort dans la peau, La vengeance dans la peau, efficace mais atone, se révèle presque inutile (l’identité de Bourne est révélée à la fin du 2) et apparaît comme un honnête divertissement tentant de camoufler son statut de photocopie lucrative derrière une apparence speedée et novatrice.