Décalque standard du déjà négligeable Very bad things, Very bad trip (bon les gars, pour les prochaines traductions des titres, va falloir arrêter les brainstormings avec la coke et les putes) n’a aucune espèce d’intérêt en soi, le film se regardant à condition de débrancher fissa son cerveau, d’avoir du temps à perdre, de trop kiffer grave le r’n’b et d’être particulièrement bien luné ce jour-là. Certes, ça fait pas mal de conditions pour un seul film, mais c’est au moins un minimum nécessaire pour apprécier modérément cette bouffonnerie plutôt cool. Certes encore, celle-ci n’a pas la finesse comique d’un Farelly ou d’un Apatow, ni la débilité géniale de Eh mec, elle est où ma caisse ? ou de Road trip (tiens, de Todd Philipps déjà), mais elle assume relativement bien son manque de prétention et sa fausse bonne idée de départ.
Au réveil matinal d’une cuite mémorable pour un enterrement de vie de garçon, les trois potos du fiancé réalisent que celui-ci a disparu et qu’il s’est passé beaucoup de trucs délirants cette nuit-là (pour ma part, une petite banquette en cuir noir, transformée en balançoire avec des draps, a retenu toute mon attention lubrique). Il faut donc remonter le cours des événements, avec une gueule de bois pas possible et un marmot sur les bras, pour comprendre le pourquoi du comment du "What the fuck is going on here?".
Mais cette enquête chronologique (et, accessoirement, la recherche du quatrième larron bituré) n’est pas assez exploitée, pas assez vertigineuse, le film s’en tenant à une modeste démonstration cherchant seulement la bonne blague pas toujours drôle. À de simples faits peu mis en perspective par rapport à l’intrigue lancée, et à des digressions qui n’apportent pas grand-chose à l’ensemble (la scène du Taser par exemple). Ce qu’il y a finalement de plus dingue dans tout ça, c’est l’immanquable générique de fin en forme de photorama rétrospectif, hilarant, énorme, insolent (la pipe dans l’ascenseur), où tout est enfin explicité (et montré) en 60 secondes chrono totalement désopilantes. Dommage alors que le film, dans sa globalité, ne le soit pas assez souvent et ne soit pas, non plus, à l’image de cette courte séquence absolument sans-gêne.
Todd Phillips sur SEUIL CRITIQUE(S) : Joker, Joker : Folie à deux.