Rédiger un article sur le nouveau Albert Dupontel (plus hirsute et grimaçant que jamais) relève du syndrome de la page blanche tant celui-ci défie le sens critique par son inoffensivité totale et son inertie cinématographique. Que dire, quoi faire, comment s'en sortir, qui suis-je, où vais-je ? Le film n'est pas mauvais hein, mais il n’est pas bon non plus. Il est bof, il est "mouais", semblant étrangement échapper à toutes analyses, arguments, contre-arguments et contre-contre-arguments. Il existe, pépère et ronronnant, presque uniquement pour lui.
Il est là, éventuellement adéquat, à défaut de mieux, pour un after brunch avec des amis un dimanche après-midi de fin novembre gris, froid et pluvieux (et aussi pour les futurs dimanches après-midi de fin novembre gris, froid et pluvieux). Le scénario est vaguement intéressant, l'image est laide, le rythme est bancal, la mise en scène multiplie les gros plans et effets datés (période Jeunet, Kassovitz et Kounen au milieu des années 90), mais on s'en fout un peu en sachant que, dans 1h30, tout ça sera oublié, terminé, remballé, et que demain sera un autre jour (et c’est beau).
Il y a bien quelques gags assez drôles, quelques scènes assez réussies (celle du chien et des chats, hilarante). Il y a du comique de répétition, un peu d’humour noir, un peu de non-sens pour, au final et contre toute attente, pondre une farce calibrée, grosse connerie gentillette sans conséquences, sans intentions et sans relief. Heureusement, il y a Pénélope. La vraie star du film, c'est elle, Pénélope la tortue, drôle et élégante "cryptodire" au jeu subtil et minimal, yeux de velours et moue suggestive, s’exposant entièrement, mise à nue, prenant tous les risques et tous les dangers... Pénélope, I kiffe you. Call me.
Albert Dupontel sur SEUIL CRITIQUE(S) : 9 mois ferme, Au revoir là-haut, Adieu les cons.