Le film d’Eran Kolirin a les défauts de ses qualités : sa retenue et son comique minimaliste à la Suleiman ou à la Tati finissent par créer un manque de rythme et d’envergure patent, même si le mode mineur sied très bien au film qui ne cherche, à aucun moment, l’emphase humaniste. De plus, si la mise en scène s’évertue à créer de beaux plans fixes où l’action se retrouve concentrée dans son immédiateté de réaction, sur la durée, l’immobilisme devient forcé et parfois inadapté (et souvent ennuyeux). Le scénario, lui, fait plutôt dans la tranche de vie spontanée, subtile et minutieusement décalée : une fanfare égyptienne vient chambouler, le temps d’une journée (et d’une nuit), la routine désespérante de trois Israéliens perdus dans un no man’s land géographique.
Ce concept à la Théorème, au-delà de sa fonction narrative et psychologique sur la relation entre les différents personnages, permet, au vue du contexte sociopolitique, d’élaborer une fable emprunte d’espoir sur une réconciliation des peuples et des religions. Utopique certes, mais agréable et enthousiasmant. Loin du pensum sentimentaliste et idéaliste, Kolirin décrit un quotidien sans lendemain en y injectant une drôlerie parsemée, et insiste finalement sur le caractère généreux et philanthropique possible à tout homme. L'absence d’ampleur à tout cela en fait un film indéniablement sympathique, mais sûrement pas transcendant.