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World invasion: Battle Los Angeles

C'est quand même hallucinant (mais point surprenant) cette façon qu'ont les Américains de consciencieusement saboter un film dès que l'armée et les Marines en sont les principaux héros (et plus encore quand ils doivent protéger la planète). Dans ce World invasion bien misérable, tout y passe : roulements de tambours, trompettes et violons, larmes et trémolos, courage et patriotisme outranciers… Rien n'est ainsi épargné au spectateur pour mettre en exergue la bravoure américaine, seule et unique garante d’une humanité porteuse de valeurs pures et immémoriales (en fait, complètement ringardes).

La bande-annonce magnifique (mais trompeuse, une fois de plus) de World invasion, élevée, portée par la chanson mélancolique The sun’s gone dim and the sky’s turned black de Jóhann Jóhannsson, promettait pourtant une nouvelle Guerre des mondes âpre, sombre, sans chichi et sans pitié. À l'arrivée, un affreux nanar propagandiste sauvé en partie par ses incessantes scènes de guérilla et d'action très réussies, filmées à l'arraché tel un reportage de guerre en prise directe avec les événements (le combat sur la bretelle d’autoroute est impressionnant). Le film commençait pourtant bien : exposition expédiée en dix minutes, immersion brutale et intrigue prenant place directement au cœur de la bataille.

Mais, très vite, les signes avant-coureurs d’un navet au ras du ras des pâquerettes sont perceptibles : situations convenues, personnages tellement caricaturaux qu’il est impossible de s’y attacher, poncifs et raccourcis scénaristiques, dialogues débiles aux relents pro-militaristes plombés de bons sentiments et de pleurnichages insupportables ("Tu es mon meilleur Marine, gamin", "Donne cette lettre à ma femme", "Je connais le nom et le matricule de mes hommes morts par ma faute", etc.). Comment Aaron Eckhart a-t-il pu accepter de déclamer de la merde pareille ? Comment a-t-il pu admettre cette apologie rétrograde aux troufions et aux sirènes du régiment, proche d’un lavage de cerveau en règle ?

Dans un même registre que World invasion, Starship troopers proposait, lui, une réflexion à l’inverse de la glorification au devoir et au sacrifice ici à l’œuvre, réflexion cynique et méchante qui remettait en cause, dénonçait un engagement aveugle dans les ordres, zélé, bêtement appliqué et à la limite du totalitarisme. La dernière scène de World invasion, ridicule et douteuse, confirme l’indigence d’un propos digne d’une république bananière en mal de plan com’ pour (re)valoriser ses forces guerrières. Et encore, on échappe de peu à la veuve et aux orphelins venant geindre de bonheur dans les bras musclés de nos braves petits soldats.

La maîtrise technique éblouissante, indéniable, de Jonathan Liebesman n’est pas à incriminer dans la faillite du film, même si le rythme et le montage ont tendance à se reposer sur une mécanique un peu trop binaire (action/accalmie). C’est le scénario affligeant de Chris Bertolini qui est à blâmer entièrement, atteignant très souvent un sommet de comique involontaire (il vaut mieux prendre le parti d’en rire pour ne pas sombrer dans la folie). Sa perspective vieillotte et putassière, sans recul, qui essaie de nous vendre l’héroïsme militaire comme seule vertu, comme seul rachat primordial pour nos civilisations dès que le monde s’écroule (perspective que l’on croyait enfin révolue : Independence day et Armageddon datent quand même de 15 ans), et associée à une psychologie désespérément primaire, font de ce triste World invasion une sorte d’endoctrinement crasse qui pue vraiment de la gueule.

World invasion: Battle Los Angeles
Tag(s) : #Films

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