Pixar continue l’inexorable travail de recyclage (de pillage ?) de son catalogue puisque c’est, paraît-il, dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes (mais pas toujours : les suites de Cars, Monstres et Cie ou du Monde de Nemo se sont révélées très décevantes). Faut dire aussi que quand il se décide à proposer de nouvelles histoires, c’est au final tout aussi décevant (Vice-versa, Le voyage d’Arlo, Coco). L’âge d’or Pixar est depuis longtemps révolu, et son rachat par Disney en 2006 n’a fait qu’empirer les choses. On attend désormais chaque nouveau Pixar avec à peu près autant d’enthousiasme que la dinde à Noël ou pour un détartrage.
C’est donc Les indestructibles qui a droit aujourd’hui à sa suite, quatorze ans après les premiers exploits de la famille Parr, super ordinaire en privé, mais super-héros en collants. Époque oblige (féminisme en verve et contre tous), c’est madame qui s’en va maintenant sauver le monde chaque matin et monsieur qui s’occupe de la maison et des enfants (les devoirs, les crises d’adolescence, les couches à changer…). Certes, cette inversion des rôles prête au film une sympathique relecture des modèles de genre, mais finalement peu exploitée en terme narratif et retombant vite dans les stéréotypes qu’elle cherchait à déjouer, Bob peinant évidemment à s’occuper de sa progéniture car, c’est bien connu, les hommes sont des incapables à la maison et les femmes des ménagères en puissance (Elastigirl proposant de rappliquer illico presto au moindre manquement de son mari, dans un sursaut "maternaliste" et déterministe du plus mauvais effet).
Le vrai atout du film, c’est assurément Jack-Jack, le petit dernier des Parr qui vole la vedette à absolument tout le monde (un peu comme Scrat dans L’âge de glace). Avec sa bouille de fripouille à qui on ne l’a fait pas, ses babillages et ses mimiques irrésistibles, ce super-bébé aux super-pouvoirs offre une ribambelle inépuisable de gags et d’éclats de rire. D’ailleurs l’intrigue autour d’Elastigirl, de l’Hypnotiseur et des Deavor semble bien terne et ennuyeuse face au déferlement comique des scènes avec Jack-Jack, et son tout premier combat contre un méchant (un raton-laveur fouinant dans les poubelles) est un grand moment de franche rigolade. Il faudrait peut-être ne pas le dire et le taire à jamais, mais on aurait préféré que Les indestructibles 2 ne soit, pendant deux heures, qu’un pur festival Jack-Jack nous régalant du déchaînement hilarant (et aléatoire) de ses pouvoirs.
Pixar sur SEUIL CRITIQUE(S) : Ratatouille, Wall-E, Là-haut, Toy story 3, Monstres academy, Rebelle, Toy story 4, Soul.