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Falling

C’est sans doute parce qu’il a joué pour et avec les plus grands, de David Cronenberg à Jane Campion en passant par Terrence Malick ou Gus Van Sant, que Viggo Mortensen a, un jour, nourri le désir de mettre en scène à son tour. De s’essayer, de se confronter enfin à l’exercice de la réalisation. Il avait déjà, en 2013, tenté d’adapter et de filmer le roman The horsecatcher de Mari Sandoz, sans succès faute de financements. Cette fois c’est la bonne avec ce Falling écrit par ses soins à partir d’une idée qui lui est venue après l’enterrement de sa mère, dans un avion au-dessus de l’Atlantique. L’idée d’une histoire.

Celle d’un père et de son fils qui s’aiment mal, hier comme aujourd’hui, et qu’absolument tout oppose, par exemple le mode de vie, l’éducation, la politique et jusqu’à la peinture de Picasso, mais unis sans vraiment se l’avouer par un lien fort et complexe. Les antagonismes ont ça d’inéluctable qu’à un moment ça explose, d’une manière ou d’une autre, l’intérêt étant de voir jusqu’où cela va tenir et ce que cela va éventuellement révéler de bon ou de mauvais. Ici en l’occurrence, après une engueulade finale ultra convenue aux airs de règlements de compte cathartiques, une possible réconciliation qui ne dirait pas son nom ou un éloignement nécessaire, voire définitif.

Pendant presque deux heures, Willis, le père bougon à la santé déclinante, passe son temps à morigéner John, son fils, qui prend sur lui, pardonne, accepte, fait avec. Sauf qu’au bout d’un moment, très vite en fait, sa mauvaise humeur, ses jurons incessants, son homophobie affichée et son rejet d’à-peu-près tout ce qui existe sur Terre (et surtout d’avancées sociales dont son fils et sa fille seraient des sortes de parangons ultimes) finissent par lasser, et on en vient à le rejeter, ce père, à ne plus vouloir s’y intéresser, à le trouver cliché, sans nuances, alors qu’il aurait dû nous toucher, du moins un peu, dans sa misanthropie XXL comme dans sa détresse cachée sous un monceau d’injures.

Si l’opposition entre le vieux réac, surgit d’une autre époque, et la famille de John, qui coche allègrement toutes les cases d’un progressisme caractérisé, amuse au début, l’absence d’évolution de cette situation, son côté plus que caricatural dans l’écriture des personnages et sa mécanique narrative binaire (alternance paresseuse de flashbacks et d’instants présents), trahissent chez Mortensen un manque d’inspiration et de finesse dans son interrogation sur ce qu’est le poids de la filiation au-delà des différences. Et ce ne sont pas une mise en scène quelconque parsemée de plans de nature qui n’ont pas vraiment leur place ici, ni une interprétation soit dans l’outrance pour Lance Henriksen soit trop en retrait pour Mortensen, qui vont venir contredire ce qui relève de l’évidence.

Falling
Tag(s) : #Films

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