Ce n’est pas vraiment un remake, ni même un prequel, ou un sequel, ou un reboot, plutôt une version "améliorée" du premier (c’est pour ça qu’ils ont mis un "s" à la fin de Twister, genre il va y avoir plus de tornades et plus d’action, alors qu’en fait non). "Améliorée" est évidemment un grand mot, le Twister de Jan de Bont étant devenu avec le temps, et même avec ses défauts, une sorte de film culte toujours aussi spectaculaire presque trente ans après. Compliqué donc de s’y frotter. On sent d’ailleurs que le film ne cherche ni la surenchère ni à réinventer la poudre, et tout sera à peu près pareil : même trauma originel, même équipe cool, même autre équipe pas cool, même scène avec clin d’œil au septième art (Frankenstein a remplacé Shining) et même super tornade EF5 à la fin.
Le scénario de Twisters n’est finalement pas plus bête ou plus élaboré que le premier, qui nous plaquait quand même, l’a-t-on oublié, une histoire de divorce neuneu sur fond de chasse à la tornade, alors qu’on était là d’abord pour admirer de monstrueuses tornades tout ravager sur leur passage. Pas de divorce en vue ici (tant mieux), mais un ersatz de réflexion sur le dépassement des traumatismes du passé, le tout s’amusant d’un savoureux jeu de séduction entre une ex chasseuse de tornades et un chasseur de tornades tête brûlée, et croulant sous trois tonnes de jargon météorologique qui, la plupart du temps, nous dépasse (et nous barbe).
Côté action et effets spéciaux, c’est relativement bien troussé, même si le côté alors inédit de Twister (à l’époque) ne fait plus mouche ici (on est rarement impressionné), Twisters se contentant de refaire, en mode bon élève, ce qui a depuis été fait et refait à l’infini. On se disait aussi qu’il allait être sacrément difficile de rivaliser avec Helen Hunt et Bill Paxton, le duo iconique de Twister, sauf que Daisy Edgar-Jones (qui, depuis Normal people, semble avoir du mal à trouver de grands et beaux rôles) et Glen Powell s’en sortent très bien, et entre les deux ça fonctionne, il y a tout ce qu’il faut, le sex appeal, l’alchimie, les vacheries, les regards en coin et les yeux de biche.
Leurs personnages sont clairement les seuls à avoir été développés, les autres n’étant que broutilles narratives et clichés sur pattes. Le scénario, comme conscient de cette lacune, cherche à se rattraper en donnant à l’affaire une pseudo dimension sociale (gentil coup de griffe contre ces assureurs qui profitent de la détresse des sinistrés) et climatique (puissance et fréquence des tornades toujours plus redoutables) qui fera sourire, au pire qui fera pitié. Décontracté, prévisible et sans prises de risque, Twisters ne décolle jamais vraiment (un comble), mais se regarde avec un plaisir décomplexé que l’on jugera opportun (ou pas) de confronter à son seuil de tolérance en matière d’excroissances hollywoodiennes.