Premier constat qui s’impose à la vue de ce faiblard The last showgirl : Kate Gersten, autrice du scénario adapté de sa pièce, s’est visiblement inspirée du Wrestler de Darren Aronofsky (on pourra en douter bien sûr, mais cette constatation s’impose d’elle-même) dont on va retrouver à l’identique les thèmes et la dynamique : une star vieillissante sur le déclin, un milieu d’activité bien particulier (celui des showgirls à Las Vegas remplaçant celui du catch professionnel), une Amérique des laissés-pour-compte et une relation tendue parent/fille qu’il faut pouvoir reconstruire. Même la mise en scène caméra à l’épaule de Gia Coppola et la texture de l’image (d’Autumn Durald Arkapaw) rappellent beaucoup celles de The wrestler (avec ce petit côté documentaire, cet aspect brut de décoffrage, comme saisi sur le vif).
Deuxième constat : le problème du film ne vient pas de là de toute façon. Il vient du fait que The last showgirl enfile les lieux communs et les situations clichés avec une naïveté déconcertante. Tout y est prévisible. De ce récit ultra balisé (schéma narratif classique du style "retrouvailles, engueulade, seconde chance et réconciliation") jusqu’à ces scènes plus que convenues (il faut voir Pamela Anderson filmée en train de traîner son vague à l’âme, limite en prenant la pose comme dans une pub pour parfum, dans les rues de Las Vegas sur fond de musique mélo). De ces personnages peu développés, et/ou trop caractérisés (les deux jeunes danseuses, le régisseur tout gentil, la fille qui se plaint de ne pas avoir eu d’amour maternel, mais qui veut se rabibocher, mais qui se plaint…), à cette vision tiède, voire gnangnan, de l’envers du rêve américain (du "Make America great again" ?) faite à travers le prisme du strass, de la paillette et du topless.
Troisième et dernier constat : le film vaut surtout pour ses actrices, et puisqu’il ne reste que ça à se mettre sous la dent. Jamie Lee Curtis nous offre un incroyable numéro d’ex-danseuse (voir sa danse, touchante et gênante à la fois, sur Total eclipse of the heart) (sur)vivant comme elle peut. Et puis il y a Anderson évidemment, sorte de Marylin du Strip usée mais qui tient toujours debout, et qui brille dans une sorte de comeback/réhabilitation après une longue traversée du désert, à l’instar de celui de Demi Moore dans The substance (ou de Mickey Rourke dans The wrestler, encore). On se demande quand même si on ne préférerait pas, à cette inoffensive et rebattue tranche de vie en mode show must go on, le cynisme décomplexé et le féminisme féroce du Showgirls de Verhoeven, et tant pis si le parallèle n’est pas totalement opportun, les deux films n’ayant finalement comme point commun que l’univers dans lequel ils s’inscrivent (et qu’ils décrivent chacun à sa façon). Et puis en fait non, on ne se demande pas, et qu’importe donc le parallèle pourri : on préfère vraiment Showgirls à ça.