Dans la famille des Mission : Impossible, y a eu celui de DePalma, roublard et machiavélique, celui de Woo, pompier et lyrique, et il y aura désormais celui d'Abrams, ludique et juvénile. Cruise a compris le truc : adapter le style d'un metteur en scène reconnu aux fondements inébranlables de sa franchise. Ce troisième opus ressemble donc à un épisode d'Alias de deux heures où Ethan Hunt aurait finalement remplacé Sydney Bristow. Abrams ayant lui-même utilisé certaines caractéristiques de la série télé Mission : Impossible en créant Alias, tout le monde finit donc par s'y retrouver.
Les comparaisons entre sa série et son film sont d'ailleurs appréciables pour le fan des deux camps :
- Le film débute par une scène d'interrogatoire musclé débouchant sur un long flashback, procédé très souvent utilisé dans la série.
- Obligation pour le héros de dissimuler son identité à ceux qu'il aime.
- Conseiller technique expert en informatique, exaspérant mais drôle malgré lui (Marshall vs Benji).
- Whodunit qui reste inexpliqué, l'énigme Rambaldi laissant sa place à la "patte de lapin".
- Séquence à l'intérieur d'un avion militaire (la série foisonne de ce genre de scène).
- La chambre 1406, cameo de Greg Grunberg, voyage autour du monde en un temps record…
Le film est jouissif à divers degrés, malin, invraisemblable, les scènes d'action sont grisantes, et le quota de faux masques, gadgets et infiltrations en tous genres est religieusement respecté pour un maximum d'efficacité. Seul bémol : Philip Seymour Hoffman reste trop peu présent à l'écran. Vingt minutes à peine sur deux heures de film, ça fait très peau de chagrin pour un bad guy de service, surtout quand celui-ci est sadique et vraiment méchant, et donc vraiment réjouissant.
Ethan Hunt sur SEUIL CRITIQUE(S) : Mission : Impossible - Protocole fantôme, Mission : Impossible - Rogue nation, Mission : Impossible - Fallout, Mission : Impossible - Dead reckoning (partie 1).