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Café de Flore

Deux histoires, deux époques, deux villes, et un seul dénominateur commun à travers le temps : l’amûûûr. Histoire de Jacqueline à Paris dans les années 70 (la moins convaincante), et celle d’Antoine à Montréal, de nos jours. Jacqueline élève seule son jeune fils trisomique, envers et contre tous. Antoine est DJ, il parcourt le monde, il a deux filles, une ex et une future épouse. Souvent pendant le film, on se dit qu’on a dû se tromper de salle (c’est pas un Lelouch qu’on se tape là ?) ou qu’on est plutôt en train de regarder une pub pour le prochain Marc Levy ou Guillaume Musso.

Hasards et coïncidences, destins qui se croisent, amours éternelles, quête de l’existence et de l’âme sœur (plus réincarnations dans le placard), Jean-Marc Vallée y va d’un pas lourd et chargé, croyant réaliser son grand œuvre (banco : 13 nominations aux Génie, les César canadiens), son Magnolia, son 21 grammes. En s’amusant à égrener les titres des deux… "écrivains" précités, on pourra facilement résumer le film dans ses grandes intentions : où es-tu, et si c’était vrai, le premier jour, la prochaine fois, toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites, sept jours pour une éternité, seras-tu là, parce que je t’aime, je reviens te chercher, que serais-je sans toi, bref, des titres-formules interchangeables et creux pour dire le mystère qui nous guide et la passion qui construit nos relations à l’autre, à tous les autres autour de nous.

Café de Flore, c’est de l’amour à la vie à la mort, au-delà de la mort, pour toujours mon amour, amours d’enfants, d’adultes, amour tout court ou amour trop fort d’une mère perdue dans la déraison. Il y a quand même un truc qui sauve carrément le film et l’empêche de sombrer dans la mignardise New Age, c’est la mise en scène de Vallée. Mise en scène vibrante, organique, rythmique (cuts, ruptures de ton, séquences atmosphériques, flashbacks, montage happé…) qui emporte tout, qui souffle, qui surprend.

À l’instar de C.R.A.Z.Y., la musique joue, une nouvelle fois, un rôle essentiel dans le film (qu’Antoine écoute, triture, raccommode, exalte), épicentre sensible dont les beats pulsent les amarrages d’une narration envoyée en l’air. Petite musique de nos vies, dans nos cœurs, et comment aussi elle influe sur nos pensées, nos imaginaires, nos souvenirs, nos humeurs ou nos envies d’être (la bande-son est magnifique, de Sigur Rós à Pink Floyd, en passant par The Cure et Nine Inch Nails). Mais quand même : toute cette énergie, toute cette débauche de sons, de couleurs et d’émotions pour une histoire un peu gnangnan, et pour une si piètre conclusion.
 

Jean-Marc Vallée sur SEUIL CRITIQUE(S) : Dallas buyers club, Wild.

Café de Flore
Tag(s) : #Films

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