Overblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Classe moyenne

La lutte des classes n’est pas morte, apparemment, et à l’heure des innombrables débats, plus ou moins pertinents, sur la taxation des riches, Classe moyenne vient dire cette société fracturée comme jamais où chacun, nantis comme sans-dents, cherchent d’abord à préserver ses avantages et à profiter du système. Mais pas de grands discours ici : Antony Cordier a choisi l’angle de la satire pour exprimer la violence des interactions sociales face à une situation propre à mettre en exergue la médiocrité et les vils arrangements de tous et de toutes. Situation qui voit un couple de bourgeois (lui avocat, elle actrice) et leur fille entrer en conflit avec le couple de gardiens de leur villa et leur fille. Et puis avec, au centre, le copain de la fille dudit couple de bourgeois qui, naïvement, croit pouvoir ramener tout le monde à la raison…

Quelque part entre Ruben Östlund (le film commence avec des canalisations bouchées et des litres de merde se déversant sur l’un des personnages principaux), le Parasite de Bong Joon-ho et la farce à l’italienne mâtinée de Claude Chabrol (La cérémonie  en particulier), Classe moyenne entend donc n’épargner personne de la (dé)monstration. Les blindés et les gueux, les boomers et la nouvelle génération, tout le monde y passe. Et pas de pitié non plus pour celles et ceux cherchant à réconcilier les opposés, impitoyablement "mis de côté" (la fin du film ne fait pas dans la dentelle) dans un monde qui continuera de tourner sans eux, et tant pis pour les frêles idéaux d’un "vivre ensemble" chimérique. Monde de merde 1, rapports humains 0.

La première moitié du film sait être plaisante, installant protagonistes et antagonismes larvés dans une ambiance alanguie de luxe et de délicieux cynisme, entre soleil piquant la peau et petites piques dans la gueule (il s’agit de conseiller tout en ordonnant, de sourire tout en persiflant…). Puis, lentement, le film vient à perdre de son pouvoir de séduction, et plus il avance dans les diverses saloperies que se font untel et unetelle, plus ça devient gros trait. Ça devient gros sabots. Et, surtout, on rit moins. Certes, la satire vire, à dessein, au dégommage en règle où c’est à celui ou à celle qui aura le dernier mot en trichant, mentant ou sabordant, mais on ne pourra s’empêcher de trouver cette deuxième moitié moins maîtrisée dans sa mécanique d’opposition, subtile et cruelle, entre deux espèces menacées, et ce malgré les prestations géniales d’un casting aux petits oignons avec, en tête, un Laurent Lafitte qui, comme à son habitude, excelle dans la veulerie et la perfidie onctueuses.


Antony Cordier sur SEUIL CRITIQUE(S) : Happy fewGaspard va au mariage.

Classe moyenne
Tag(s) : #Films, #Cannes 2025

Partager cet article

Repost0