L’année avait assez mal commencé avec trop de mauvais ou moyens films (Tron, Le discours d'un roi, Angèle et Tony...) et, à part Black swan en février, ce fut morne plaine à tous les étages, rien ne venant bousculer nos petits cœurs de cinéphiles exigeants, avec une enfilade de films juste sympathiques (Never let me go, Fighter, L'étrangère…) ou carrément détestables (Essential killing, The tree of life, La conquête…). Puis, à partir de juin, tout a été plus ou moins chamboulé : Beginners, Une séparation et The murderer sont arrivés l’air de rien, imposant chacun un style et une force certaine.
L’été fut morne également (en plus d’être pourri), plombé par deux grandes attentes (La piel que habito et Melancholia) qui se révélèrent d’aussi grandes déceptions. C’est à partir d’octobre que le niveau a été redressé avec deux bombes cinématographiques (We need to talk about Kevin et Drive), pour finalement terminer l’année en apothéose (Le cheval de Turin, Two gates of sleep et Les crimes de Snowtown).
Rêves éveillés
1 / We need to talk about Kevin, conte de fées névrotique en état second, à l’image d’une mère perdue entre réalité noire, souvenirs tourmentés et rêves funèbres. Lynne Ramsay, adaptant le roman vertigineux de Lionel Shriver, livre une expérience fascinante, abrasive et sensorielle, qui hante pendant très longtemps. [Lire la critique]
2 / Two gates of sleep, premier film magnifique d’un jeune metteur en scène inconnu et plein de promesses. Cette errance du deuil, épopée quasi-méditative et bouleversante de deux frères conduisant le corps de leur mère au-delà du Styx, se coule en nous jusqu’à des points d’émotion indescriptible. [Lire la critique]
3 / Drive, le nouveau joyau du désormais très grand Nicolas Winding Refn, est un geste d’amour pour le genre, pour le cinéma et pour le spectateur. Un film ondulant qui prodigue gifles et caresses, et dont le monde entier se souviendra, pour toujours, d’une scène d’ascenseur belle à en mourir. [Lire la critique]
4 / The murderer, entre rouge sang et humour noir, propose un cinéma électrique et agressif doté d’un vrai sens de la mise en scène venant échauffer nos envies de folies furieuses. On sort du film à bout, exténué, éprouvé par l’art brutal et magistral de Na Hong-jin. [Lire la critique]
5 / Les crimes de Snowtown, film rêche comme du papier de verre frotté sur une plaie ouverte. Une œuvre choc filmée à l’instinct, guidée par le rythme d’une poésie noire, par la symphonie de sensations, d’atmosphères et de lumières. Éprouvant et hypnotique. [Lire la critique]
1 / Je suis un no man’s land, sombre blague pour bobos critico-cinéphiles rappelant un navet de Jean Girault, un vieux Claude Zidi ou un fond de tiroir de Mocky. À ce niveau de médiocrité artistique, c’est carrément une déclaration de guerre contre le spectateur. [Lire la critique]
2 / Essential killing, œuvre pseudo-formaliste bien loin de l’expérience cinématographique promise et attendue. Essential killing tâtonne, tente des choses, mais échoue globalement à provoquer un ressenti cataclysmique. C’est chiant, très énervant et sinistre comme tout. [Lire la critique]
3 / Melancholia, ou comment Von Trier gâche tout en noyant son propos (et ses intentions) sous la tristesse et le désespoir d’une sorte d’opéra du pauvre miné par une vacuité sans nom (de rythme, de réalisation). C’est ce qui s’appelle une bonne bouse. [Lire la critique]
4 / The tree of life, messe papale psalmodiée par un fou de Dieu au fin fond d’un planétarium. Ce salmigondis extatique, plutôt que d’ouvrir à d’infinis questionnements, s’impose en une longue et désagréable prière qui fait très vite demander grâce. [Lire la critique]
5 / True grit, western ennuyeux des frères Coen en mode échec, trop occupés à parfaire leur petit théâtre de trognes patibulaires. Bavard et traînant, True grit n’est que la résonnance d’une ébauche, celle d’un possible grand film asphyxié par une ingrate nonchalance. [Lire la critique]
6 / Angèle et Tony
7 / World invasion: Battle Los Angeles
10 / Mineurs 27
Les tops sont-ils solubles dans la mémoire ? 2009, 2010 et 2012 sur SEUIL CRITIQUE(S).