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Suspiria

Après sa trilogie animale (L’oiseau au plumage de cristal, Le chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris) qui allait perpétuer le genre du giallo "lancé" par Mario Bava quelques années auparavant, Dario Argento réalisa Les frissons de l’angoisse considéré aujourd’hui comme LE giallo ultime (mais le Pulsions de Brian De Palma ne pourrait-il, lui aussi, prétendre à ce titre ?). Suspiria, deux ans plus tard, marqua une nouvelle étape dans sa filmographie, associant alors le surnaturel à son amour de l’art, sa maîtrise esthétique (qui atteint ici des sommets) et sa fascination pour une violence sophistiquée (toujours ces meurtres grandioses, toujours ce sang éclatant, toujours ces soupçons de gore…), et allait influencer bon nombre de metteurs en scène (Strickland, Cattet et Forzani, Winding Refn…) dans leurs futures réalisations.

Argento et sa scénariste Daria Nicolodi s’inspirent de Thomas De Quincey (en particulier la nouvelle Levana and our ladies of sorrow du recueil Suspiria de profundis) dans ce récit d’une jeune américaine, Suzy, débarquant dans une école de danse à Fribourg et très vite confrontée à d’étranges phénomènes. Il y a aussi beaucoup du rêve et du conte dans Suspiria (Blanche-Neige, La belle au bois dormant ou encore Alice aux pays des merveilles), dans son processus narratif comme dans ses expressions stylistiques avec un magnifique travail sur les décors, les couleurs et les éclairages flamboyants de Luciano Tovoli (du rouge, beaucoup de rouge, du rouge partout, décliné, étalé, projeté).

Le film a un peu vieilli par rapport à certains effets (même la musique stridente du groupe Goblin a du mal à passer), mais sans véritablement nuire à son indécrottable notoriété, quoique la scène de la chauve-souris se pose là question ridicule involontaire. Ce sont surtout les dialogues et l’interprétation qui laissent à désirer (si l’on excepte Jessica Harper, échappée du Phantom of the Paradise de De Palma), tout comme le pourquoi du comment de l’intrigue (un truc de vieille sorcière sur le retour) qui nous est livré en pâture lors d’une longue séquence d’explications (aimablement fournies par Udo Kier et Renato Scarpa). Explications arrivant comme un cheveu sur la soupe et qui, en termes d’ambiance et de mise en scène, jurent beaucoup avec l’extravagance, avec l’onirisme de l’ensemble. Culte et bigarré, Suspiria reste un jalon important dans l’histoire du cinéma d’horreur et fantastique que l’on aura, tout de même, le droit de trouver un rien défraîchi.

Suspiria
Tag(s) : #Films

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