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Retour sur presque deux semaines d’un festival toujours aussi riche et surprenant avec cette année, pour ma part, quelques films attendus mais un rien décevants.

Festival Paris cinéma 2013

Samedi 29 juin : Jeune et jolie de François Ozon. Moyen, comme toujours chez Ozon. Pas raté, mais moyen, quelconque. Et comme toujours chez Ozon, le trouble reste en surface, il est stagnant ; c’est du trouble sans faire de vagues, du trouble petit-bourgeois, quand on espérait un venin beaucoup plus fort. Le sujet était en soi intéressant, mais Ozon le traite avec trop de balourdise dans sa psychologie et dans ses figures. Le film est davantage fascinant quand Ozon filme simplement le visage mutique, mélancolique, de son héroïne (Marine Vacth, belle évidemment, intrigante et à l’allure presque androgyne) sans y solliciter d’éventuelles réponses, de clés, mais y guettant d’abord ses failles, ses envies ambiguës d’adolescente lâchée dans la rudesse du monde.

Dimanche 30 juin : Youth de Tom Shoval. Ce devait être un choc pour le premier film de ce réalisateur israélien. Youth aurait pu éventuellement tourner à la comédie noire (on pense surtout à Fargo des frères Coen sur un thème quasi similaire), mais Shoval préfère aller traîner du côté rigoriste de Michael Haneke. Le propos est intelligent, la démonstration sans fard, sauf que ça ne prend jamais. Demeure l’interprétation saisissante des deux acteurs (deux frères jumeaux au physique brut et lourd) qui apporte une rugosité complexe (et absente) à ce thriller social ultra dépouillé.

Mardi 2 juillet : La cinquième saison de Jessica Woodworth et Peter Brosens. Le film semble toujours hésiter entre poésie primitive, fantaisie bricolée et tonalité plus sombre, plus expérimentale, proposant une œuvre bancale qui souffle le chaud et le froid et nous laisse là, constamment, entre ennui et fascination. Abouti dans sa forme, intéressant dans son sujet, mais boiteux dans sa construction et dans son rythme, La cinquième saison reste néanmoins un objet atypique fantasmant une fin du monde aux belles envolées esthétiques.

Festival Paris cinéma 2013

Vendredi 5 juillet : Goltzius and the pelican company de Peter Greenaway. À plus de 70 ans, le réalisateur gallois continue de faire du Greenaway sans plus se soucier de quiconque (sauf peut-être de ses fans). D’une incroyable richesse, comme toujours, dans ses images, dans ses thèmes et dans ses dialogues, le film est un impressionnant fourre-tout esthétique qui laisse littéralement fourbu, épuisé. Venu présenter en personne sa dernière œuvre, j’ai eu la chance de pouvoir enfin rencontrer l’un de mes réalisateurs préférés (qui influença largement ma jeunesse artistique). Tremblant et intimidé, je lui ai demandé un autographe qu’il m’a gentiment signé. L’instant fut court, mais inoubliable. On n’a pas tous les jours la chance de rencontrer ses idoles, les yeux dans les yeux.

Dimanche 7 juillet : La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche. Le point d’orgue du festival, évidemment (billets vendus comme des petits pains, salle archi-bondée). Il y a eu, sans doute, un peu trop d’emballement autour de cette Vie d’Adèle étrangement surestimée à Cannes. Laissons de côté les nombreuses polémiques (Kechiche imbuvable, Kechiche despotique, Julie Maroh trahie et bafouée…) : le film est bancal, le film est bâtard, voilà pour faire court. Un film abrasif qui, dans son dernier tiers, ne parvient plus à tenir la distance. Deux premières heures magnifiques (la rencontre dans le bar, les premiers émois fragiles, la fameuse scène de sexe à la limite de la pornographie, longue et suffocante à la fin, dont on pourra toujours questionner la légitimité…), et puis une troisième ratée. Kechiche, qui sait distendre et suspendre le temps, le ramasse soudain dans la dernière partie de façon grossière et maladroite. Kechiche ne prêche plus la subtilité, un semblant de grâce, une évidence, mais avance avec de gros sabots. Adèle Exarchopoulos, exaspérante et fascinante à la fois, est clairement le point fort du film.

Mardi 9 juillet : Northwest de Michael Noer. On pourrait se croire dans un film de banlieue à la française, ou dans un film de gangsta à l’américaine, ou bien en plein réalisme dur et social à l’anglaise, sauf que pas du tout, on est au Danemark, on est dans les faubourgs pauvres de Copenhague où la précarité côtoie sans cesse la violence. Si Northwest ne propose absolument rien de nouveau en termes de situations, d’enjeux et d’univers, Michael Noer sait dépeindre avec force, et dans une approche quasi documentaire, un quotidien pas vraiment évident entre douceur familiale et dureté des gangs, jusqu’à un final à l’issue dramatique, mais incertaine. Et puis il y a Gustav Dyekjaer Giese, acteur épatant au visage buté et angélique en même temps.

Tag(s) : #Vie du blog

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