C’est la fameuse loi de l’emmerdement maximum pour Michel Trémois, loi dite "de Murphy", celle où tout vous tombe soudain sur la gueule (de bois) dans un enchaînement incontrôlable de situations dingues. Parti en week-end avec sa femme (frigide) et sa ringarde de belle-mère dans un château près de Cahors, Michel sera même suspecté de meurtre à l’encontre d’une obscure cantatrice qui a plus à voir avec le chevalier d'Éon qu'avec la Castafiore, c’est dire vraiment les tuiles qu’il accumule en à peine deux jours. Holiday, c’est en fait un Cluedo grandeur nature (qui a occis Eva Lopez dans le salon avec la corde ?) pour nains, adultes consentants et pour ceux qui sentent mauvais de la bouche.
Les psychopathes éventuels sont légion dans ce château Mercuès qui part à vau-l’eau, limite bordel échangiste pour vieux pervers, et un Hercule Poirot local, sans la moustache et sans la classe et sans la pipe (mais non ducon, la pipe, c’est Sherlock Holmes et Chloë Sevigny…), va mener l’enquête comme il peut pour découvrir le pot aux roses, même si celui-ci se gêne pas pour le gêner quand il cuisine cette quiche de Trémois (la scène est fort drôle).
Alors bon, Holiday ne rime pas à grand-chose hein, mais c’est ce qui lui donne ce petit côté farces et attrapes avec des dialogues cons (mais c’est Molière qu’on assassine !) souvent drôles et absurdes, mais pas toujours non plus. C’est roue libre à tous les étages, tous les personnages ont un grain, tout le monde part en cacahuète et fornique et vomit dans les coins (fort drôle aussi la scène où Darroussin se vide comme un gueux puis s’aperçoit que…). Et pour l’occasion, Julien Doré a même ressorti son satané ukulélé, remisé sous les aisselles depuis son tour de chant à La nouvelle star.
Holiday n’apporte rien, ne dénonce rien, ne mène à rien, n’aura aucun César, aucun Gérard ni même soixante millions de consommateurs ou de spectateurs, anyway, mais ça détend de la rate et des cheveux avec, cependant, un minimum requis de lâcher prise et d’indulgence (mais la Godrèche là, c’est carrément pas vrai, ça se voit trop qu’elle a une culotte après sous son déshabillé transparent, c’est quoi cette arnaque ?). À coup sûr, ça change des comédies françaises formatées et bêtes qui pullulent au cinéma, mais Holiday, en dépit d’acteurs à la fête, d’un ton gentiment grivois et irrévérencieux, de fesses et de nichons par-ci par-là, souffre d’un manque de rythme (ça part pas mal, puis ça stagne, puis ça saoule) et surtout d’ambition(s). Nicloux a voulu faire de sa comédie noire serrée une sorte de cadavre exquis inclassable ; de cadavre certes, mais d’exquis, c’est comme une blague de Toto, disons qu’intrinsèquement, il y a comme une sorte d’abnégation de la pensée qui donne envie de trouver beau un plat de coquillettes à la moutarde.
Guillaume Nicloux sur SEUIL CRITIQUE(S) : Valley of love, Les confins du monde.