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Perdrix

Ça ne va pas très bien, chez les Perdrix. La mère est toujours folle amoureuse de son mari qui, lui, gît dans la tombe, le petit frère est un père qui galère avec sa fille qui se rêve championne de ping-pong, et le grand frère est capitaine de police dans cette station thermale des Vosges où il ne se passe absolument rien, sinon quelques nudistes révolutionnaires semant la zizanie alentour et une jeune femme qui vient de se faire voler sa voiture par lesdits nudistes. La rencontre entre Pierre, le capitaine, et Juliette, la jeune femme, va venir perturber ce train-train vosgien et confronter chaque personnage à sa solitude et ses sentiments, au sens même de leur existence.

A priori rien de sensas dans cette histoire déjà vue de petites vies chamboulées par l’irruption d’un élément perturbateur (Juliette) et révélateur surtout des désirs et des désordres, des libertés (sociales, familiales, amoureuses…) qui s’offrent à chacun pour vivre soudain une autre (et possible) vie. D’ailleurs Thérèse, la mère, l’annonce d’entrée de jeu : "La vie que vous vivez est-elle véritablement la vôtre ?". Le charme de Perdrix vient donc d’ailleurs. De ce ton burlesque voulu et adopté par Erwan Le Duc, proche souvent d’un Aki Kaurismäki dans cet humour à froid et cette belle économie de moyens, façon bric-à-brac.

Mais Le Duc a tendance à forcer et accumuler les effets comico-absurdes (dans les situations comme dans les dialogues), à se reposer un peu trop dessus en en oubliant d’étoffer ses personnages (si l’on excepte ceux de Pierre et de Juliette) et son scénario, prévisible même dans ses envies de décalages qui en deviennent une norme. Là où Le Duc a vraiment réussi son coup, c’est dans l’épatant casting qu’il a su composer et réunir, de Fanny Ardant à la voix toujours aussi ensorcelante à Swann Arlaud et ses yeux de chat, en passant par Maud Wyler en électron fantaisiste et Nicolas Maury en papa presque poule. Perdrix leur doit pas mal, beaucoup, à la folie.

Perdrix
Tag(s) : #Films, #Cannes 2019

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