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Adieu les cons

Ça fout un coup, quand même, de se dire que ce truc-là, et au-delà de la crédibilité, chez chacun chacune, que peuvent désormais avoir les César et du rejet même de Dupontel envers ce genre de cérémonie ("Les César, c’est aller au Louvre et dire que tel peintre est meilleur qu’un autre peintre. Je suis perplexe devant ce jugement intellectuel. Alors prudemment, je me mets à l’écart"), que ce truc-là donc ait remporté sept César, et pas des moindres. En même temps, c’était ça ou les donner à pire que ça (par exemple Été 85 ou Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait) tout en sachant qu’il y avait meilleur que ça (par exemple Adolescentes de Sébastien Lifshitz qui, l’honneur est sauf, a été récompensé trois fois).

Ça fout un coup parce que Adieu les cons, sans être le moins mauvais des films de Dupontel, transpire de ses habituelles afféteries de mise en scène datées années 90, très Jeunet dans les gênes. Visuellement, Adieu les cons est un cauchemar. Un cauchemar où des filtres oranges et jaunasses vous poursuivent au ralenti sans que vous puissiez leur échapper. Côté scénario, c’est pas mieux. Pourtant on aime cette espèce de sincérité naïve et touchante et clownesque et cet amour immense du cinéma que Dupontel trimballe depuis toujours, mais là c’est non. Non à cette poésie mièvre et dégoulinante (Virginie Efira a les yeux mouillés en permanence, ou alors elle s’est chopée une sale conjonctivite juste avant le tournage) mâtinée de critique sociale pas plus subtile que celle de Jean-Jacques, pilier du zinc du Narval, rue Fouchet, et saupoudrée enfin d’une sorte de radicalisme nihiliste qui tombe à plat et sorti d’on ne sait où ; c’est pour faire dur à cuire ? No future ? T’as vu comment mon film il est tragique sous ses allures bonhommes ?

En à peine 80 minutes, Dupontel cherche à parler de tout et d’absolument tout : la vie, la mort, l’amour plus beau plus haut plus fort, les cons, la société de cons, le monde de cons, la police et ses dérives autoritaires, l’administration et ses dérives bureaucratiques, l’entreprise et ses dérives managériales, la bétonisation des villes, la numérisation des gens, le c’était mieux avant, la pollution, la solitude, la maladie… Résultat : ça croule sous les généralités et ça dégueule de simplismes. Les personnages, entre durée expéditive et laïus éculés, existent peu, développés a minima, sont de pauvres marionnettes sans attrait, là pour dénoncer, gros sabots aux pieds, nos bêtises humaines. Conseil d’ami : il est plus stimulant de regarder 90 minutes d’interview d'un Dupontel avisé et inspirant que 80 minutes d’un Adieu les cons lourdaud et maladroit. De rien.


Albert Dupontel sur SEUIL CRITIQUE(S) : Le vilain, 9 mois ferme, Au revoir là-haut.

Adieu les cons
Tag(s) : #Films

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