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Animalia

Il se passe quelque chose, tout autour, mais qu’est-ce ? Des nuages étranges dans le ciel, une tempête aux éclairs d’un vert incandescent, des phénomènes qu’on n’explique pas, des animaux, chiens, oiseaux, moutons, fourmis, qui s’affolent, se regroupent et semblent comploter, ou nous accompagner peut-être, mais vers où, vers quoi, vers quels lendemains ? Itto, jeune femme enceinte mariée au fils d’une riche et puissante famille (qui la rejette parce que d’origine modeste), et alors qu’elle s’ennuie dans leur immense villa aux airs de prison dorée, se retrouve confrontée seule à ce qui ressemble à une apocalypse. Tentant de rejoindre son mari et sa belle-famille, partis pour affaires dans une autre ville, Itto va entrevoir soudain les possibilités d’un monde nouveau qui s’annonce, mais aussi la réalité, dans toute son âpreté, de son pays.

On comprend vite ce qui a intéressé Sofia Alaoui dans l’écriture et la réalisation d’Animalia : évoquer les problématiques sociétales actuelles de sa terre natale, le Maroc, par le biais d’un récit fantastique qui, jamais, ne cherchera à donner de réponses trop évidentes (libre à chacun d’imaginer ce qu’il veut, de croire ce qu’il ressent, entité extraterrestre, être supérieur, intervention divine, dérèglement climatique extrême…). Évoquer ces différences toujours plus béantes entre classes sociales, ce poids si lourd de la religion et du patriarcat, ce rapport effréné à l’argent… Et dans ce voyage qu’entreprend Itto à travers les paysages rudes de l’Atlas, loin de sa vie d’avant où tout n’était qu’opulence et privilèges, c’est l’histoire d’une transformation, d’un éveil, à l’échelle intime comme à l’échelle globale, qui alors fait sens.

Un éveil au retour à l’essentiel, à la terre, à l’harmonie, en lien direct avec l’amplitude et la plénitude du cosmos, rien que ça. Animalia ne manque pas d’ambition, c’est sûr, à vouloir ainsi se frotter au genre en proposant un film d’une belle simplicité, anti-spectaculaire au possible (ici aucune surenchère d’effets tape-à-l’œil), et pourtant ouvert sur l’infiniment grand. Mais Animalia manque aussi d’un peu de rigueur dans la construction de son scénario qui a tendance à se perdre (et nous avec), à s’éparpiller dans les nombreuses thématiques qu’il aborde, les survolant pour certaines, les laissant en suspens pour d’autres, les menant à une impasse pour d’autres encore. Ce qui n’empêche pas Animalia, au final et malgré un sentiment de frustration prégnant, d’être une œuvre singulière aux airs de trip métaphysique nettement plus convaincant que ceux de Malick ou de von Trier.

Animalia
Tag(s) : #Films

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