Drop the pressure retentit de ses basses chaudes et colorées, sons foudroyants, suppliques entraînantes, maints murmures et frénésies, contorsionne l’air de spasmes invisibles sur l’accord d’une partition de plaisirs, de plissements et d’impressions, ecstasy, liberté, omission totale, et la voix synthétique se pâme, s’enroule, s’envole vers des aigus meilleurs, sur une mer ce serait des vagues et lames graciles face à un ouragan gigantesque. La musique est forte, c’est une électro sucrée qui colle à sa peau et à ses nerfs, elle cogne dans et autour de lui, et c’est comme si son corps ne lui appartenait plus ; cette charpente qui vibre, qui ondule, ce tout, il y est étranger mais s’y heurtant à travers lui, ses os, sa peau, endoloris et palpitants, tout ce qui vit à l’intérieur, noyé, broyé.
Il danse solitaire face aux grands miroirs de mosaïques, loin du monde ou tout contre lui, tourne quelque part entre la transe et le vaudou, se déhanche magnifiquement, se donne comme liquéfié. Il est une marionnette entrevue un instant dans les rais coupants des néons, désarticulée, désemparée mais superbe, puis après un boxeur en nage dans l’arène et qui veut en découdre, chercher des noises, voler dans les plumes, hurler qui il est, enragé, paumé, fébrile, et la musique pulse alors l’image, pulse son corps, pulse dans nos têtes.
Il est un ange aussi, un ange déchu que la vérité et le pardon ne veulent épargner, ne pas arracher de la fatalité et d’un noir destin. Et devant lui, dans ces grands miroirs de mosaïques, la réalité se reflète en zigzags abrasifs, tâches de couleurs indépendantes qu’on ne peut recueillir, ramener à soi, et face aux miroirs frémissant ce désastre, sa vie en l’air, ces absences dans son cœur, ce vide dans ses bras, un carnage dans son âme, et reprenant son souffle, donnant des coups de pieds, des coups de poings, vénère, la rage.
Et dans ces grands miroirs de mosaïques, la réalité continue de s’enfoncer il ne sait où, vers des abysses sans fond, grottes infernales, récifs de lumières mortes consumées par la colère, ivres de cendres et de haine, d’une douleur sans nom, criarde face à l’abject et l’inconcevable. Il se tord comme invoquant le pardon, une rédemption possible, prières aveugles, syncopées, d’une beauté et d’une puissance indescriptibles. Puis quand le calme reviendra, quand les lumières se rallumeront, son absence restera décalquée sur la piste et les murs, éblouissante à jamais.