Brandon Cronenberg, le fils de vous-savez-qui, se lance à son tour dans cette belle et grande aventure qu’est la réalisation d’un premier film. Après le Cosmopolis de papa l’année dernière, voici donc l’Antiviral de fiston cette année, genre de pot-pourri cinématographique du saint paternel, figure désormais inamovible du cinéma d’auteur à tendances trash et festivalières. Cronenberg fils ne s’est, manifestement, pas beaucoup creuser la tête pour gribouiller son scénario et penser sa mise en scène, Antiviral étant directement dérivé des œuvres de jeunesse de Cronenberg père (Stereo et Crimes of the future en particulier, quasi des décalques). Rien de grave en soi, c’est juste que pour l’effet de surprise et de nouveauté, on repassera par la case départ.
Les thèmes, les obsessions et le style (sec, chirurgical, clinique) de cet Antiviral évoquent sans cesse ce que Cronenberg père a fait de meilleur auparavant (Faux-semblants surtout). On essaie de ne pas trop y penser, on essaie de faire fi, mais la filiation revient trop souvent se rappeler à nos bons souvenirs et à nos références, pour peu que l’on soit coutumier de la filmographie de papa. Au-delà de cet encombrant héritage, pris de façon vierge et autonome, Antiviral navigue entre défauts prononcés et qualités évidentes, parabole froide (puis absconse) sur la célébrité et les virus de nos sociétés détraquées, en quête de gloire fantoche et de scoops inutiles.
Quelques scènes réussies, un acteur cinégénique à découvrir (Caleb Landry Jones) et une ambiance étrange ne suffisent pas à se passionner complètement pour le film, atone en fin de course, et desservi pas une esthétique glacée qui finit par laisser… de glace. Cronenberg fils a du talent à revendre et du talent en devenir, c’est certain (plusieurs scènes sont marquantes), mais il va falloir qu’il s’émancipe pas mal, le garçon, qu’il tue le père, qu’il coupe le cordon ou qu’il le bouffe, qu’importe la manière, pour qu’il puisse trouver à l’avenir un style bien à lui et des intrigues qui se démarquent franchement de l’univers du patriarche, et parvenir ainsi à une maturité cinématographique qui, dans les prochaines années, sera (on l’espère pour lui et puis aussi pour nous) plus intéressante à suivre.
Brandon Cronenberg sur SEUIL CRITIQUE(S) : Possessor, Infinity pool.