Dix chroniques, dix déjà (soupirs pour tous). Pendant cette dizaine de chroniques où j’ai tenté d’aligner des mots sans réelle cohérence, j’ai réussi à ne jamais être sérieux sans vraiment être drôle, à peine provocateur sans jamais avoir atteint un cynisme de qualité. J’ai toujours eu besoin qu’on relise mes écrits bourrés de fautes d’orthographes [Note du patron : "Ouais d’ailleurs MG, j’en ai un peu marre de devoir toujours repasser derrière toi, en plus on va croire qu’on fait des choses ensemble alors que bon, on n’est pas les mecs d’ASBAF quoi"], tout ça en croyant qu’il suffit simplement de dire que Drive est le film le plus énervant et le plus raté de la rentrée pour être complètement percutant. Voilà, c’est dit avec les deux pieds dans le même plat, trop c’est trop : trop de mots, trop d’images, trop de mise en scène, trop de bla-bla, trop d’effets de style, trop de silences, tout ça de trop, ça tue trop le cinéma. Et là, le cinéma n’a pas passé l’automne : il est mort.
Drive, c’est les chevilles super enflées d’un type plutôt nordique qui H.O.O.Q. (à prononcer phonétiquement, merci), une bonne musique électro, pas de parlotte, juste du rien, du décéléré, film sous dialyse, filtres bleu et jaune pisse soleil plein les pupilles, et hop, c’est dans la boîte. Drive ennuie en étant soi-disant parfait et en revendiquant cette perfection, en disant tout simplement "Tu vois, le cinéma ça doit être comme ça. Point barre". Succès public direct.
Hors Satan : déjà plus que deux salles sur Paname, Dumont se radicalise et, par conséquent, se marginalise. Très loin de ses films magnifiques qu’étaient La vie de Jésus, L’humanité ou Flandres, ce Hors Satan est juste un peu moins mauvais que Hadewijch. Miracles religieux pour les nuls : cher Bruno Dumont, je vous serais gré de bien vouloir redresser le cap et vous sortir de ce merdier. Y’a-t-il un public dans la salle ? Non désolé, ils sont tous partis voir Tintin en 3D.
Tintin façon Spielberg, c’est, au final, pas si moche et décevant que ce que l’on pouvait imaginer. Malgré certains défauts, le papa d’E.T. réussi à faire du héros à la houppette un autre personnage, une espèce de truc qui évoquerait vaguement Tintin (d’ailleurs, Milou le confirme à Hergé au début, ça ne ressemble pas du tout à Tintin). À partir de là, cette créature fringuée comme Tintin se retrouve parachutée dans un monde hollywoodien pour "enfulte" ou "adulescent" (bref pour américain), où humour rime avec ivrogne et rot, et action avec courses-poursuites rocambolesques et combat de grues. La ligne claire dessinée par Hergé rencontre les univers d’Indiana Jones et de Transformers où tout le monde a un gros pif. Assez loin de la bande dessinée, mais divertissement de bonne facture. Succès public garanti.
Intouchables. Dur de rester intouchable face à ce film dont le message est clair : bons français, vous qui vous garez sur les places pour handicapés et baissez la tête quand vous voyez un triso dans le viseur, vous devez pleurer, pleurer, pleurer et pleurer encore, être émus, être complètement touchés et aussi, n’oubliez pas, il faut applaudir à la fin (c’est Roselyne Bachelot qui l’a demandé). Sauvons le cinéma français (et après on sauvera Roselyne). Festival de vannes assuré par un des mecs les plus drôles du moment (Omar Sy) pour un des films les plus mauvais depuis Bienvenue chez les Ch’tis. Réalisation à chier + musiques à chier + décollage d’avion sur coucher de soleil à chier = succès public à chier.
Mon pire cauchemar, c’est mon pire cauchemar (CQFD). Succès public ?
En fait, je crois qu’il n’y a que moi qui, en dix chroniques de merde, n’aie pas réussi à connaître un vrai succès public. Je n’imposerais donc pas mes choix cinéma, mais je ne saurais que trop vous conseiller L’exercice de l’État (qui rejoint Pater au Panthéon de cette année) et Love and bruises aussi pour enfin se sentir malmené au cinéma, ce qui n’arrive que trop peu souvent. Le cinéma est mort ? Vive MG !
Publié par MG, celui qui n’a pas besoin d’Intouchables pour rire des handicapés.