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La princesse et la grenouille

C’est, paraît-il et j’en sais quelque chose, dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Chez Disney, ils ont dû cogiter ça à mort, "In the old pots you make the best soups, dude" ; du coup, vu que la boîte tourne plus vraiment rond depuis un bail niveau animation, vu que les ballons en forme de Mickey à 60 euros pièce ne se vendent plus du tout et que ces bons à rien d’intermittents du spectacle demandent 2 euros d’augmentation par mois pour 10 heures passées chaque jour sous un costume de trente tonnes ou derrière une caisse habillés en fermière ou en improbable cow-boy que même ceux de Brokeback Mountain ils voudraient pas leur rouler un patin, ils se sont dits, chez Disney, qu’il fallait revenir aux roots, au old school (genre La belle au bois dormant, Le livre de la jungle, La petite sirène et tout le tralala) pour redonner grave la niaque aux actionnaires en ces temps de déprime économique.

Annoncé comme une belle renaissance, sympathique et joliment traditionnelle, La princesse et la grenouille fleure pourtant davantage le renfermé du vieux pot que la fraîcheur de la meilleure soupe. Les "gags", usés depuis des années et déjà appréciés dans pratiquement tous les Disneys du siècle dernier, s’enchaînent mollement entre une scène de chanson relativement acceptable et deux de situation complètement ennuyeuses. Les personnages n’ont aucun charisme (à part peut-être Louis l’alligator et Ray la luciole), l’action met un temps fou à se mettre en place pour finalement ne jamais décoller ni rien provoquer, et le rythme dans son entier se traîne et se traîne encore vers une fin prévisible qui arrive comme une sainte délivrance.

Le discours moralisateur, d’un autre âge et même pas excusable, devrait logiquement plaire à notre majorité politique : il faut travailler plus, le jeune, le jour et même la nuit, si tu veux être honnête avec toi-même et t’en sortir et accéder à tes rêves, tue-toi à la tâche, n’aie plus de vie sociale, économise, capitalise, de toute façon dans ta vraie life t’auras jamais un(e) rentier(ère) qui viendra te sauver les miches en coassant à la fenêtre de ton 15m2 pourri… Mais on a droit de rêver (enfin surtout le jeune) et heureusement, heureusement que Disney est là pour nous l’apporter, ce rêve (bleu évidemment, pour les connaisseurs).

Forcément, tout se termine dans un grand feu d’artifice so cliché (il y a quand même un mort du côté des gentils et c’est assez rare pour ne pas le signaler) avec mariage, jours heureux, joies de la famille et marmaille en devenir. Mettre de côté, pour un instant, l’image de synthèse et la 3D, et s’amuser de l’éternel classique du prince charmant transformé en grenouille étaient, en soi, de bonnes idées ; mais tout reste désespérément fastidieux, sans originalité et épuisant de conformisme. Dommage qu’il n’y ait, à aucun moment, ne serait-ce qu’un soupçon de la magie du Roi lion ni du grain de folie d’Aladdin, d’Hercule ou de Kuzco.

La princesse et la grenouille
Tag(s) : #Animation

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