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Spencer

C’est l’histoire d’une princesse en détresse, une princesse qu’il faut sauver, comme toujours. Enfermée dans un palais qui ressemble à un tombeau, immense et vide et glacial. La reine est méchante, enfin disons pas sympathique. Distante, retenue, avec un regard qui vous perce. Le prince, lui, ne l’aime pas, il en aime une autre, alors la sauver, il n’a pas que ça à faire, sinon lui faire la leçon, la rabaisser. Elle a bien quelques alliés pour la soutenir, un cuisinier qui sait l’écouter, une servante dévouée amoureuse d’elle, et puis ses deux jeunes fils avec qui elle est très proche. C’est l’histoire d’une princesse célèbre, de cette princesse-là, Diana Spencer, dite Lady Di.

C’est l’histoire de trois jours en 1991, pendant Noël, à Sandringham House. Trois jours dans son existence où, plus seule et vulnérable que jamais, et traquée par la presse à scandale, Diana est en lutte contre ses démons (boulimie, automutilation, dépression, envies suicidaires). Trois jours au terme desquels elle décidera, enfin, de s’arracher du joug royal en choisissant de divorcer du Prince Charles. Il n’est pas question ici de tout dire, de tout raconter Lady Di, ni de tendre vers le faste de The crown. Plutôt d’aller à l’os, scruter cet instant précis, cette bascule entre folie insidieuse (Diana s’identifie soudain à Anne Boleyn, qu’elle se met à voir partout) et prise de conscience de sa "condition" au sein d’un establishment corseté et ultra codifié (cette pesée obligatoire, ces repas interminables, ces vêtements assignés à chaque étape de la journée…).

L’ambiance ici est froide et austère. Tout est figé, empesé, comme sous cloche. D’ailleurs Pablo Larraín (à la mise en scène) et Steven Knight (au scénario) ont sans doute un peu trop accentué l’aspect mortifère et presque irréel qui règne autour de la maison Windsor (bien que l’on puisse considérer ce parti-pris singulier aussi cohérent et valable qu’un autre et, de fait, le film n’oublie pas de s’ouvrir sur un carton annonçant "Une fable tirée d’une vraie tragédie"), faisant de Diana (Kristen Stewart, éthérée comme il faut, mais sans surprise dans un rôle qui, de toute façon, a ses tics et ses propres normes) la presque unique garante d’une humanité, vacillante mais déterminée, perdue dans un monde où tout se serait arrêté, et qui en manquerait cruellement.
 

Pablo Larraín sur SEUIL CRITIQUE(S) : Tony Manero, Jackie, Ema.

Spencer
Tag(s) : #Films

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