Quand Vendredi 13 rencontre Terrence Malick et Gus Van Sant, que peut-il bien se passer ? Quand le slasher s’acoquine avec le film d’auteur, qu’est-ce que ça peut bien donner ? Ça donne ça, In a violent nature, premier long métrage de Chris Nash qui a fait sensation à Sundance en début d’année. Ça donne Johnny (oui, ça sonne comme Jason, et alors ?), esprit vengeur dans un corps à la Sinok des Goonies, mais version hard, version venue tout droit des Enfers (avec un soupçon de Leatherface aussi), qui revient d’entre les morts pour récupérer un pendentif en or qui appartenait à sa mère, et que quelques jeunes imprudents ont dérobé à l’endroit où il gisait tranquillement. L’occasion idéale pour Johnny de revenir parmi les vivants et de reprendre goût à ses activités favorites : charcuter, démembrer, scier, étriper. Et au film d’adopter son point de vue pour une meilleure immersion dans sa psyché purement réduite à une pulsion de mort.
Alors côté scénario évidemment, c’est du basique de chez basique avec bande de jeunes abrutis en week-end dans une forêt au bord d’un lac qui vont servir de chair à pâté pour Johnny, flatter ses humeurs barbares et, avouons-le, notre plaisir sadique-régressif-passif-
Mais le film perd très vite en radicalité et en particularité, et ses limites en deviennent alors plus que flagrantes : histoire peu captivante, scénario prévisible au possible et ne déviant jamais du schéma "Je marche, je mate, je tue", personnages sans épaisseur, aucune réelle tentative de proposer une vraie singularité stylistique et/ou narrative et gros problème de rythme (en particulier vers la fin du film avec ce monologue ennuyant d’une dizaine de minutes dont on se demande encore l’utilité, essayant de justifier son côté pipelette par une pseudo réflexion sur la nature de l’homme face à la violence de la nature). In a violent nature vaut surtout pour son concept, accrocheur, mais déçoit par son inaptitude à en faire autre chose qu’un gadget formel croyant se suffire à lui-même.