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Super 8

Adoubé par Steven Spielberg en personne, J. J. Abrams se lâche et se permet de recycler tout le cinéma du papa des Dents de la mer en livrant un bel hommage au septième art et au genre fantastique des meilleurs jours (Dante, Carpenter, Landis…), réinterprétant, réactualisant, compilant toute la spécificité et toute la culture des 80’s. Pour les trentenaires pas très loin d’une crise (inévitable) de la quarantaine et qui avaient 10-13 ans au milieu des années 80, Super 8 est telle une madeleine de Proust pleine à croquer (et à craquer) d’émotions et de souvenirs inusables (walkman, BMX, appareil dentaire, super musique…).

Il faut voir le film avec ce regard-là, celui du gamin que nous étions alors, pas encore abreuvé d’effets spéciaux synthétiques, de 3D superflue et de violence excessive, et qui découvrait, ébahi, saisi et tout gourmand, Les goonies, Explorers, E. T., War games, Les gremlins, Stand by me, Rencontre du troisième type et bien d’autres films encore, soit tout un cinéma générationnel qui savait nous émerveiller, nous surprendre par sa simplicité et son honnêteté. Certes, il a bien fallu grandir (la vie a fait que…) et on laisse, aujourd’hui, passer moins facilement quelques trucs qui pourront faire tiquer deux ou trois rabat-joie de mon acabit (clichés, facilités de scénario, abus de reflets lumineux - les fameux lens flares - devenus la marque de fabrique d’Abrams).

Mais l’essentiel est là, limpide et divertissant : retrouver la magie de nos 12 ans et nos envies d’aventures incroyables faites de monstres gluants, de bons copains débrouillards et de rêves débordants (et de premiers baisers aussi). Ce groupe de jeunes adolescents, cinéastes amateurs et témoins d’un impressionnant déraillement de train (la scène cloue littéralement au siège) qui va chambouler le quotidien d’une petite ville tranquille de l’Ohio, serait un peu comme les enfants, les dignes héritiers des Goonies. Et si l’aspect nostalgique et références à gogo peut paraître indispensable à l’ensemble (à la réussite ?) du film, il ne parasite en rien l’histoire (sans surprise, mais sympathique) et le plaisir ingénu que l’on prend face à ce spectacle rafraîchissant. Abrams soigne sa mise en scène (sobre), ses effets (percutants), et entretient un sens du mystère parfaitement maîtrisé ; tant pis alors si le dénouement déçoit un poil par son manque d’ampleur et d’originalité.

Il n’oublie pas, non plus, de faire plusieurs scènes avec son lot de tension spectaculaire (celle de l’attaque du bus par la créature rappelle beaucoup celle du tyrannosaure dans Jurassic Park), tout en préservant un parfait équilibre action/psychologie (la relation au père, ou même à une figure tutélaire telle une mère disparue trop tôt, reste l’une des thématiques importantes du film, ne serait-ce dans la filiation qu’il est possible d’établir entre Abrams et Spielberg) et une attention particulière pour ses acteurs en herbe, touchants et toujours très justes. Entremêlant réminiscences, charme et tendresse, rires et frissons, Super 8 affronte le danger, le deuil et le passage à l’âge adulte avec un grand sourire (juvénile) et des étoiles, des galaxies plein les yeux.


J. J. Abrams sur SEUIL CRITIQUE(S) : Alias, Mission : Impossible III, Star Trek, Star Trek into darkness, Star wars - Le réveil de la force.

Super 8
Tag(s) : #Films

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