Mini-série argentine de 13 épisodes produite par la branche sud-américaine de HBO, Epitafios emprunte beaucoup à Se7en dans son sujet (la traque d’un tueur en série impitoyable et insaisissable). L’ambiance y est moins désespérée que dans le film de Fincher, le choc est moindre aussi, mais le concept reste le même. Bruno Santos, Némésis machiavélique et cannibale à ses heures, élimine ses victimes comme on met en scène un tableau, avec raffinement et un souci du détail névrotique. Ses meurtres sont des œuvres d’art, des installations scéniques en adéquation avec la faute du "coupable" (gaver une comptable de pièces de monnaie, autopsier un médecin-légiste au cutter et sans anesthésie…). La ligne est d’ailleurs souvent mince entre la complaisance aveugle et l’intégrité scénaristique, et la violence est beaucoup plus froide et plus convaincante quand, par exemple, Santos tue froidement (et sans effet spectaculaire) tous les habitants de son immeuble pour ne pas être découvert.
L’histoire n’est pas particulièrement originale, les poncifs et les invraisemblances parasitent souvent la crédibilité du scénario, mais l’ensemble dégage une envie de bien faire, de saisir, de surprendre, et plusieurs scènes sont réellement intenses : une course contre la montre dans un aéroport, le massacre méthodique dans l’immeuble, le meurtre au gaz, et le final, macabre à souhait... Le plus passionnant dans cette poursuite infernale et sanglante (le nombre de morts est impressionnant) reste la personnalité du tueur, multiple, intrigante et complexe. Sa furie vengeresse n’obéit qu’à la perte tragique d’un amour perdu dans les flammes, littéralement parti en fumée, Santos n’étant finalement qu’un romantique blessé et meurtri, un Roméo sanguinaire, résumant le tout à un opéra tragique et démesuré, à une farce élisabéthaine dont les échos résonnent jusque dans les airs d’opéras que Santos écoute inlassablement. Un point noir tout de même : l’interprétation des acteurs est plutôt décevante, voire grotesque par moments, hormis Antonio Birabent dans le rôle du tueur. Même Cecilia Roth, pourtant très douée chez Almodóvar, s’égare dans une composition clichée de son personnage de profiler accro à la roulette russe.