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Longlegs

On a facilement (paresseusement, bêtement) comparé Longlegs au Silence des agneaux. Pourquoi ? Parce que des points en commun. Parce que jeune recrue du FBI, parce qu’années 90, parce que tueur insaisissable, parce qu’ambiance hivernale sépulcrale… En vrai, aucun souci à se faire pour le chef-d’œuvre de Jonathan Demme à la vision du film d’Oz Perkins (oui, le fils de), dont la hype mastodonte relève davantage du pur stratagème marketing (le "film d’horreur de la décennie", sérieusement ?) : il reste inégalé et (restera ?) inégalable. Mais Longlegs se gargarise de pas mal d’autres influences que l’on décèlera ici et là, pour peu que l’on ait le cœur à l’ouvrage (un peu de la saison 1 de True detective, un peu de Nicolas Roeg, un peu de Ben Wheatley, éventuellement du Aster et du Eggers, les nouveaux maîtres du flippant ultra chiadé…).

De toute façon, le problème de Longlegs n’est pas là. N’est pas une question d’emprunts cinéphiliques (tout le monde le fait), mais de structure et d’enjeux scénaristiques qui partent en vrille dans sa deuxième heure. Parce qu’à partir du moment où l’intrigue décide de jouer la carte du surnaturel, à grands renforts d'emprise diabolique, de poupées possédées et autres dérives sataniques, c’est tout le film qui perd pied, se vautre dans un salmigondis de révélations et autres secrets occultes. D’autant que cette caution "surnaturelle", si elle n’a rien d’honteuse en soi, pèche principalement par un manque d’originalité et un usage de quelques figures rebattues du genre que Perkins peine à renouveler.

Toute la tension de la première heure se désamorce alors. L’atmosphère, oppressante, se délite. Et ce n’est pas la prestation, géniale dès qu’il est en roue libre (remember LA scène dans Mandy), de Nicolas Cage en "créature" inquiétante qui y changera quelque chose. On passera aussi sur cet héritage familial empoisonné, évidemment primordial dans la continuité du récit (et qui serait, selon Perkins le vrai sujet du film), amené dans l’intrigue avec la délicatesse d’une chargeuse pelleteuse lors d’un flashback archi explicatif (rébarbatif même), quand le film aurait dû capitaliser sur le non-dit, un mystère latent, une terreur à combustion lente.

Et puis bon, Longlegs n’est pas spécialement aidé par une pauvre Maika Monroe qui a l’air sous cachetons pendant tout le film, apportant peu de nuances à son jeu et à un personnage certes maladroitement écrit (par exemple ses dons d’extralucidité qui sont on ne peut plus mal exploités). Reste que Longlegs bénéficie d’une mise en scène stylisée et apte parfois à créer le malaise (la musique creepy de Zilgi, le frère de Perkins, en rajoute une couche), même si Perkins a trop tendance à se reposer dessus au détriment d’une narration qui, jusqu’au bout, tiendrait la route. Là où le film marque vraiment des points, c’est dans cette espèce de poésie du macabre qu’il sait imaginer autour d’un monde comme plongé dans les ténèbres de la folie. Mais ça fait chiche au regard de ce que l’on nous promettait depuis des mois, genre cauchemar horrifique jamais vu pour, in fine, se retrouver avec un film de petit malin qui buzz pas plus haut que son cul.

Longlegs
Tag(s) : #Films

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